Introduction

Publié le par south african vintage

Nous sommes arrivés le 10 mai à Cape town après 14 heures de vol. Via le site Couchsurfing nous avions trouvé une personne pour nous héberger les quatre premiers jours. En effet, la non obtention de toutes les subventions souhaitées nous a obligés à revoir notre itinéraire et notre hébergement. Cette jeune femme est donc venue nous chercher à l’aéroport. Elle habitait Stellenbosch, ville universitaire ou se situe la plus renommée des facultés d’œnologie du pays.

 

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Stellenbosch est la deuxième plus vieille ville du pays.  Centre de la culture Afrikaner et de l'économie viticole, elle possède l'université la plus réputée dans ce domaine.

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Mais où sont les Noirs ?

 

Stellenbosch est l’épicentre du vin sud-africain. Habitant par hasard elle-même dans un domaine, Claire était une connaisseuse du vin local. Elle nous a donc initiés aux fondamentaux du vin local et nous a mis en relation avec un domaine (Longridge). Nous n’avions pas de rendez-vous, ni de contacts prés établis, l’ensemble de nos rencontres s’est réalisé au hasard des rencontres (ou presque). Un domaine nous envoyait vers un autre, et ainsi de suite. Les interviews ont tout d’abord tourné autour du vin en lui-même. Nous ne pouvions pas « plonger » directement dans le sujet des « Noirs » dans le vin, tant le sujet peut être délicat. Durant une semaine, le gros de notre enquête a consisté à identifier qui étaient les exploitants noirs. Leur faible présence et leur faible notoriété ont rendu les choses difficiles. Il s’agit là du premier constat. Personne ou presque ne connaît les « Noirs » qui font du vin. C’est assez déroutant. Cette première semaine à Stellenbosch fut le moyen de prendre nos repères. Ce fut aussi à la fin de cette première semaine que nous avons fait notre plus belle rencontre. Disons la plus intéressante. Nous avons eu la chance d’être reçu en famille une journée entière chez M’Hudi, nous l’apprendrons plus tard, qui est l’un des seuls exploitants viticoles noirs d’Afrique du sud, le plus connu aussi.

 

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Opa comme il se fait appelé, en famille. Son Domaine « noir » M’Hudi, probablement le seul self made viticulturist noir d’Afrique du Sud. Il cultive cette différence. Son histoire est à la fois intéressante et curieuse. Ce monsieur est plein de mystères.

 

La seconde semaine nous l’avons passée  chez un agriculteur, fils de viticulteur. Une chose cruciale à noter : là-bas, TOUT tourne autour du vin, c’est phénoménal. Le vin y est une religion, peut-être plus encore qu’en France. Cette région, particulièrement cette ville de Stellenbosch est riche grâce au commerce du  vin, c’est un microcosme en Afrique du Sud. Toutes les personnes à qui nous avons parlé ont une implication dans le vin. Si bien que très vite nous apprenons beaucoup de choses. Second constat : le vin n’est pas qu’un simple support économique artificielle, ce n’est pas qu’une industrie. La terre a un sens pour toutes ces personnes. Si la culture du raisin et la vinification ont 350 ans, ce n’est pas pour rien.

 

Nous arrivons donc à Paarl. Sans téléphone, ni internet, à 20h, nuit tombée et rues désertes comme il se doit en Afrique du Sud après 17h, nous n’avions pas de logement… l’aide d’un restaurateur franco-suisse nous sauvera. D’après ce que nous avions appris à Stellenbosch, Paarl était la ville ou nous étions sensés trouver des exploitants Noirs. Nous resterons  dans cette petite ville construite tout en longueur autour de Main Street, avec quelques journées à Franschhoek, Cape town et Stellenbosch.

 

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Figure 1 Bordeaux street, Mont Rochelle, Cabriere Street, Chamonix, Klein Champagne, Klein Dauphiné, la Petite Ferme, la Bourgogne, autant de noms français pour une ville que les Afrikaners ont appelé le coin des français. Toutefois, ne comptez pas y parler français, ces racines ne sont plus qu’un folklore.

 

 

Ainsi, nous nous sommes rendus à Franschhoek, le « coin des français » en Afrikaner. En effet, la plupart des exploitants sud-africains sont descendants d’huguenots. Les huguenots sont les protestants durant les guerres de religion en Europe. A la révocation de l’édit de Nantes en 1685, la plupart, notamment du Luberon ont fui vers Amsterdam, capitale de la liberté de religion. Ils ont ensuite émigré un peu partout dans le monde, notamment en Afrique du sud. Ce sont deux cent familles huguenotes qui se sont installées à Franschhoek, fondant avec les  hollandais la première vraie colonie africaine. Ils ont donc importé avec eux leurs vignes créant des domaines portant des noms français. Nous devions rencontrer à Franschhoek une exploitation « noire » connue, mais celle-ci, Mont Rochelle, avait été vendue quelques temps auparavant à des blancs. Franschhoek, ou chaque année ils célèbrent Bastille Day autour d’un grand Festival, n’a donc été pour nous que le moyen de nous imprégner de cette culture, de ce patrimoine aujourd’hui considéré comme un folklore. Le français n’est plus du tout parlé et les huguenots se sont rapidement mariés avec des allemands ou des hollandais dont la culture a pris le pas sur la culture française. Nous avons rencontré l’un d’eux, Hemphis du Toit, ancien pilier des Springboks et propriétaire du domaine Annandale.

 

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Avec Monsieur Du Toit, descendant huguenot, ancien joueur des Springboks et propriétaire d'un domaine renommé en Afrique du Sud. Il cultive l'art du vin à l'ancienne, la tradition et la qualité avant tout. Cette philosophie est en harmonie avec cet intérieur volontairement rustique.

 

Autre rencontre marquante à Paarl, celle du winemaker auteur du meilleur blanc de l’année, Tariro Masayiti, dans le gigantesque domaine de Nederburg, partenaire de la Coupe du Monde.

 

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Surnommé Mister Ingenuity, son prénom signifie « espoir » en Shona, langue officielle du Zimbabwe. Il a 37 ans et est le winemaker pour la gamme des vins blancs au domaine Nederburg. Il est responsable de la fabrication de deux des trois vins officiels de la Coupe du Monde 2010. Il est le premier Noir diplômé à l’Université de Stellenbosch. Son premier défi a été d’étudier en Afrikaner, langue pratiquer à l’université. Il a remporté la note maximale dans le fameux Platter’s wine guide, pour son blend, une bouteille valant 15 euros, nommé, Ingenuity. Il est clair que Tariro est un vrai chimiste.

 

 

 

Nous aurions pu nous rendre dans d’autres villes. Hermanus, Wellington ou Constantia font partie de ces villes ou de beaux domaines existent. Toutefois, les distances, les moyens d’hébergement, le temps, ne nous ont pas permis de diversifier géographiquement notre enquête. De plus, Stellenbosch et Paarl représentant déjà les deux plus gros centres viticoles sud-africains, nous avions déjà, en trois semaines de quoi réaliser une étude complexe, variée et représentative  de l’économie du vin sud-africain.

 

C’est donc à Paarl ou notre enquête a pris tout son sens. Apres nous être rendu à l’office du tourisme, et nous être encore rendu compte que les Noirs n’ont pas une place reconnue dans cette activité, nous avons commencé  par le domaine Stellenskaya.  Comme son nom le suggère, à connotation africaine, Stellenskaya est un domaine, une marque orientée sur l’Afrique. Leur winemaker, une femme noire a été élue winemaker de l’année. En déplacement à New York nous n’avons pu la rencontrer. C’est à partir de là que nous avons compris l’implication réelle des Noirs. En effet, heureux hasard des rencontres encore une fois, notre hôte de Paarl, Martin, était un connaisseur du vin (à croire que tout le monde s’y connaît dans cette région). Recoupant les informations de Stellenkaya et les siennes, nous avons constaté que la présence des Noirs en tant qu’exploitants est désespérément limitée, mais que  celle-ci est bien plus  forte à travers d’autres postes clefs, tout aussi importants.

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